SAGESSE ET JUSTICE

 # Sagesse, justice et intégrité : une méditation sur l'éthique au Sénégal


Dans le tissu complexe de notre société sénégalaise et de nos organisations, nous sommes confrontés à un défi constant : comment maintenir l'harmonie tout en assurant la justice pour tous ? Notre sagesse ancestrale nous rappelle : "màggum waxoon naa ko, moo gën màggum xammoon naa ko" (je l'avais dit vaut mieux que je le savais). Cette parole profonde souligne l'importance de la communication ouverte et de la prévention, tant dans nos communautés que dans nos lieux de travail.

Examinons les liens qui unissent les individus. Dans nos familles, nos villages, nos groupes ethniques, religieux, confrériques, mais aussi dans nos entreprises et nos institutions, l'attachement n'est-il pas parfois source de favoritisme ? Ces connections sont le fondement de notre tissu social et organisationnel. Pourtant, comment assurer un jugement équitable lorsque nos affinités personnelles teintent notre perception ?

La vigilance, si cruciale pour la justice, peut devenir problématique lorsqu'elle se transforme en une attente du faux pas d'autrui. Dans nos bureaux comme dans nos quartiers, n'y a-t-il pas un danger moral à guetter l'erreur de l'autre pour en tirer avantage, plutôt que de promouvoir un environnement d'entraide et de croissance collective ?

Le silence des témoins, qu'il s'agisse de collègues ou de voisins, pose question. Est-ce de la sagesse ou un manquement à notre devoir social et professionnel ? Dans quelle mesure sommes-nous responsables des injustices que nous observons sans les dénoncer, sachant que "je l'avais dit" vaut mieux que "je le savais" ?

Face aux nombreuses injustices qui nous entourent, dans la société comme dans nos organisations, comment hiérarchiser nos préoccupations ? Est-il juste de condamner une petite faute d'un employé ou d'un citoyen lorsque des actes plus graves restent impunis à des niveaux supérieurs ?

Ces questions nous invitent à réfléchir profondément sur la nature même de la justice et de l'éthique dans notre société et nos institutions. Elles nous rappellent que la recherche de l'équité est un processus continu, un mouvement d'équilibre entre des principes parfois contradictoires.

Notre tradition nous enseigne aussi que pour la pérennité des relations sociales ou organisationnelles, il faut toujours dire la vérité et l'accepter pour la face de Dieu. Cette sagesse s'applique autant dans les salles de réunion que dans les assemblées communautaires. La vérité, même difficile à entendre ou à dire, est le fondement d'une société et d'organisations justes et harmonieuses.

Dans ce jeu d'équilibre moral, que ce soit dans la gestion d'une entreprise ou dans la gouvernance d'un village, chaque décision vers plus de justice doit être guidée par la compassion, la réflexion et une conscience de nos propres limites. Car n'est-ce pas dans la reconnaissance de notre propre faillibilité et dans notre engagement à dire et à accepter la vérité que réside le véritable début de la sagesse, tant sociétale qu'organisationnelle ?

Ces attitudes qui rongent les relations - le favoritisme, la surveillance malveillante, le silence complice, l'injustice sélective - ne connaissent pas de frontières entre le privé et le professionnel, entre le sociétal et l'organisationnel. Les combattre requiert une vigilance constante et un engagement collectif à tous les niveaux de notre société.


Cheikhouna Seck Baay Faal bi 

scheikhouna@gmail.com

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Et si la prière était notre meilleure séance de sport ?

Mame Cheikh Ibrahima Fall : Le Paradoxe d’une mission utopique et abyssale

INAUGURATION MOSQUÉE HIZBUT-TARQIYYAH